Genève et la santé mondiale : l’engagement de l’OMS selon Tedros Ghebreyesus

Suite au retrait inattendu des États‑Unis de l’aide internationale, l’Organisation mondiale de la santé a été amenée à réviser ses effectifs. À l’échelle mondiale, près de 1300 postes pourraient être supprimés et une centaine d’employés du siège genevois pourraient être redéployés ailleurs. Tedros Adhanom Ghebreyesus reconnaît le caractère douloureux et injuste pour les collaborateurs concernés, tout en estimant que cette réorganisation est nécessaire pour préserver la mission de l’organisation.

Le directeur général se veut toutefois rassurant sur la délocalisation de personnel genevois : environ une centaine de postes sur un total de 2400 prévus dès le début de l’année prochaine. « Nous faisons preuve de prudence parce que nous ne voulons pas que l’argent soit le seul critère de délocalisation. Le principal critère qui nous guide, c’est l’impact que nous pouvons apporter (…) et nous avons décidé dès le départ que, si nous devions déplacer quelque chose, ce serait pour créer de la synergie », précise-t-il.

Renforcement et synergies entre les centres

Cette approche vise à renforcer des centres déjà existants, notamment le centre de prévention des épidémies à Berlin, les formations à Lyon et un centre consacré à la médecine traditionnelle à Jamnagar, en Inde.

Genève, capitale mondiale de la santé : permanence et perspectives

Interrogé sur l’impact de ces mouvements sur le statut international de Genève, le chef de l’OMS affirme qu’il n’est pas inquiet. « Pour être honnête, je ne suis pas inquiet. Je ne pense pas que la position de Genève sera affectée (…) Genève est la capitale mondiale de la santé », déclare-t-il.

Il rappelle que Genève a déjà surmonté d’autres crises, notamment la récession de 2009, et que son rôle s’est renforcé au fil des années. Il souligne aussi la présence d’institutions majeures installées à Genève au cours des vingt dernières années, telles que Gavi, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, UnitAid et la Fondation de soutien à l’OMS.

« Si l’on considère les progrès globaux, la position de Genève en tant que capitale mondiale de la santé s’est renforcée avec les années. Et je continuerai à veiller à ce que Genève reste notre centre mondial, notre capitale mondiale », affirme-t-il.

Un multilatéralisme indispensable

Face aux inquiétudes relatives à l’avenir de la coopération internationale, Tedros Ghebreyesus reconnaît des tentatives de fragilisation du système, mais rappelle que le monde ne peut s’en passer. « Si je devais citer un pays qui dispose d’institutions fortes, ce serait la Suisse », déclare-t-il.

« Nous ne pouvons pas lutter contre des pandémies comme le Covid de manière isolée (…) À moins de collaborer, nous ne pouvons pas vaincre un ennemi commun », analyse-t-il. Il estime que la Suisse demeure un terrain privilégié pour favoriser ce dialogue, soulignant que la plateforme helvétique rassemble toutes les voix et toutes les idéologies. « La Suisse est un pays qui dispose d’une plateforme incroyable qui rassemble tous les points de vue », conclut-il.

Propos recueillis par Charlotte Frossard. Adaptation web : Tristan Hertig.

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