Contexte et adoption du paquet de mesures
Le Parlement suisse a adopté au printemps 2025 un ensemble de mesures destiné à maîtriser les coûts du système de santé. Rien dans ce paquet ne laissait présager une dépense supplémentaire pour les caisses d’assurance maladie et personne n’imaginait que l’avortement ferait partie des sujets touchés.
Une évolution à valeur socio politique
Jusqu’à présent, la couverture intégrale par l’assurance maladie s’appliquait à partir de la treizième semaine de grossesse, avec franchise et quote-part exclues. Désormais, l’exonération concernera le début de la grossesse, y compris pour les interruptions volontaires de grossesse.
Cette modification constitue surtout un signal sur le plan social et politique. Certaines jeunes femmes en situation financière précaire disposent d’une assurance avec une franchise élevée, et le coût d’un avortement peut atteindre plusieurs milliers de francs, souvent entre 500 et 3000 francs.
Selon les cas, ces femmes en faible revenu pouvaient solliciter une aide auprès d’organismes privés ou d’aides sociales, ce qui les plaçait dans une période particulièrement vulnérable et pouvait imposer une pression sociale en faveur du maintien de la grossesse.
Réactions et débats
Les réactions politiques se sont exprimées après coup. La gauche a mis en avant la valeur symbolique de cette évolution et Mattea Meyer, coprésidente du Parti socialiste, a évoqué une étape féministe notable. Du côté conservateur, les réactions ont été marquées par l’inquiétude et l’opposition, certains estimant que le débat aurait dû être anticipé au Parlement.
Des commentaires publics ont évoqué le fait que l’accès gratuit pourrait aussi concerner des situations où des personnes plus aisées auraient pris des décisions irréfléchies, suscitant des questionnements sur l’équité du dispositif.
Selon Bettina Balmer, présidente des PLR Femmes et députée, si l’on soutient l’option du délai, il faut aussi intégrer l’interruption volontaire de grossesse sans pénalité dans le cadre de la maternité.
Un délai strict en comparaison internationale
Le cadre légal suisse conserve un délai de douze semaines. À l’échelle internationale, plusieurs pays permettent des interruptions au-delà: l’Espagne et la France jusqu’à la 14e semaine; le Danemark et la Suède jusqu’à la 18e; la Nouvelle-Zélande jusqu’à la 20e semaine.
Au Canada, il n’existe pas de délai fédéral prescrit, mais des limites pratiques existent, les avortements tardifs étant généralement conditionnés à des cas spécifiques.
Dans les pays disposant d’un système de santé public développé, les frais d’avortement sont généralement couverts par l’assurance maladie. Cela est notamment le cas en France, au Danemark et au Canada. En revanche, en Allemagne et en Autriche, les femmes supportent les coûts, avec des exceptions pour les personnes à faibles revenus.
À l’échelle internationale, la Suisse se distingue par l’un des taux d’avortement les plus bas, estimé à environ 5 interruptions par 1000 femmes par an, selon une vaste étude internationale couvrant 2015 à 2019.
Ces chiffres s’expliquent par l’éducation sexuelle dans les écoles, le pouvoir d’achat et la disponibilité des contraceptifs. Selon l’Office fédéral de la statistique, le nombre d’avortements est resté relativement stable ces dernières années, avec un taux particulièrement faible chez les 15-19 ans.
Des témoignages sur l’avortement publiés dans un média indépendant illustrent le vécu des femmes concernées.