Contexte et ambiguïtés narratives
Présenté en compétition au dernier Festival de Venise, Jay Kelly s’ouvre par une séquence de tournage en studio où l’acteur incarnant Jay Kelly, George Clooney, paraît se consumer et réfléchir à sa disparition. La question de savoir si l’on voit l’acteur ou son personnage demeure au cœur des premières séquences, sans toutefois atteindre le vertige d’un autoportrait comme celui exploré par JCVD.
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Un road-trip en Toscane et les tensions familiales
L’intrigue suit la crise existentielle de Jay Kelly lorsque son mentor, qui avait lancé sa carrière, décède. À l’enterrement, Jay Kelly retrouve son ancien colocataire qui l’accuse d’avoir volé un rôle déterminant. Par ailleurs, le protagoniste cherche à se rapprocher de ses deux filles. La cadette, sur le point d’entrer à l’université, projette un séjour à Paris pour un festival de jazz, puis un road trip en Italie. L’aînée, pour sa part, le traite de coquille vide et se demande si quelqu’un a réellement existé au fond de lui. Confronté à la réalité de son rôle de père, Kelly accepte de se rendre à un festival de cinéma obscur en Toscane pour honorer l’ensemble de sa carrière, en passant par Paris afin de retrouver sa fille cadette.
La figure de Clooney et le miroir du récit
Jay Kelly affectionne le café. Il tourne une publicité pour une vodka en Grèce. Il se passionne pour la Toscane et dialogue avec les frères Coen. Ces scènes renvoient à Clooney lui-même et culminent avec la projection d’extraits de ses films, qui éclairent le sujet du biopic qui se dérobe.
Pourtant, dans cette dramaturgie de lieux communs sur le métier d’acteur, le réalisateur Noah Baumbach se contente de filmer Clooney imitant Clooney, avec ses mimiques et ses tics, comme s’il s’agissait d’une parodie qui évacue l’homme réel du récit.
Dès lors, Jay Kelly se présente comme une suite d’épisodes qui ne dévoile guère plus qu’une célébrité en train de faire semblant d’être elle-même.
Le contrepoint apporté par Adam Sandler
Le personnage du manager de Jay Kelly, interprété par Adam Sandler, attire particulièrement l’attention: un homme périphérique qui a sacrifié sa vie pour la carrière de la star et qui s’avère plus vivant que le héros principal.
Au terme des deux heures dix, le film laisse une impression d’ennui mesuré et demeure surtout notable pour une scène marquante: la chemise tachée de Bolognaise du père de Jay Kelly est confondue avec du sang, image utilisée pour symboliser les ambitions du film qui prétend révéler le sang de Clooney tout en se contentant de filmer la sauce.
Réception et disponibilité
Jay Kelly est visible dans les salles romandes à partir du 19 novembre 2025, et la critique lui attribue une note de 2 sur 5.