Comprendre le contexte et les crises qui bouleversent les repères
Les crises des subprimes, de la pandémie de Covid-19 et du conflit en Ukraine ont modifié nos repères sans être réellement résolues, laissant émerger un sentiment d’incertitude et de dissolution, estime Asma Mhalla. Selon elle, ces épisodes forment le socle d’une nouvelle forme de fascisme.
Pour aider le lecteur à comprendre ce qui se joue, la politologue propose un guide de survie, étape après étape, afin de traverser ce contexte troublé.
La fluxcratie : une démocratie en flux et en déshérence
Asma Mhalla décrit une notion qu’elle nomme la fluxcratie, une dictature du flux et du bruit permanent. Le risque, affirme-t-elle, est que tout finit par se valoir et que, lorsque tout se vaut, le pire devienne possible.
Elle illustre ce phénomène aux Etats-Unis, où Donald Trump aurait complètement évidé et dévitalisé la démocratie. Les juges continuent de trancher et les manifestants peuvent encore manifester, mais l’impact semble s’éroder face à l’émergence d’une réalité alternative, avec deux réalités parallèles qui ne se croisent plus.
À chaque métacrise — comme celle que nous vivons — le fascisme est présenté comme une résurgence et une réponse d’un système en déclin, qui cherche à expédier colère et ras‑le‑bol.
Fascisme hybride et spectacle
Mhalla insiste sur l’émergence d’un fascisme hybride, nourri par des figures telles que Trump, Musk ou Zuckerberg et par les réseaux sociaux qui servent d’outils d’embrigadement et de propagande. Elle parle aussi d’un fascisme spectacle, où le leader surjoue des images et s’appuie sur une saturation permanente de l’attention et de la cognition.
Elle rappelle que lorsque surviennent des métacrise, le fascisme tend à réapparaître comme une solution qui s’inscrit dans un système en perte de vitesse et qui explique la colère et le ras‑bol.
Réinvestir le réel et appeler à l’unité
Face à la dissolution des repères, Asma Mhalla invite à réinvestir le réel, en faisant de la réalité une zone de résistance. Elle conclut en appelant à recréer du lien et du réel et à transformer la masse en une forme d’action collective capable de contrer l’impuissance face à la multiplicité des catastrophes.
Elle met en garde contre les réseaux sociaux, considérés comme saturés par le nouveau régime de vérité dominant et rappelle que la force collective dépend de l’unité plutôt que de l’isolement.