Une majorité d’habitants dans l’incapacité de voter en Suisse

En imaginant la population suisse comme un village de 100 personnes, on constate que seulement 28 d’entre elles participent en moyenne aux scrutins nationaux. À l’inverse, 32,5 résidents choisissent de s’abstenir, formant près d’un tiers de la population locale. Les 40 autres citoyens, quant à eux, sont exclus du processus électoral, soit parce qu’ils sont trop jeunes, soit parce qu’ils ne détiennent pas la nationalité suisse.

Élargissement du droit de vote dans certains cantons suisses

Une extension progressive aux résidents non suisses

Ce contexte soulève parfois des questioned sur la représentativité démocratique. En réponse, plusieurs cantons de la Suisse romande, tels que Genève, Vaud, le Jura et Neuchâtel, ont progressivement accordé le droit de vote aux résidents étrangers au niveau communal. Ces initiatives ont permis d’élargir la participation lors des élections locales.

Un approfondissement au niveau cantonal

Particulièrement, Neuchâtel et le Jura ont décidé d’étendre ces droits à l’échelle cantonale, augmentant ainsi la proportion de la population ayant la possibilité de s’exprimer sur des enjeux locaux. Aujourd’hui, environ 80 % des habitants dans ces régions peuvent voter lors de scrutin locaux, contre environ 50 % à Genève et Vaud.

Une participation électorale limitée parmi les nouveaux électeurs étrangers

Malgré cet élargissement, la participation des résidents étrangers reste faible. Lors des scrutins récents, seulement environ 26 à 28 résidents sur 100 ont exercé leur droit de vote dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel. Ce décalage s’explique notamment par un taux de participation très faible parmi ces groupes, souvent inférieur à 13 % lors de certains scrutins. En comparaison, plus de 40 % des citoyens suisses ont voté dans la même période.

Les obstacles à une participation accrue

Facteurs socio-culturels et contextuels

Ce phénomène a été analysé par la chercheuse Rosita Fibbi de l’Université de Neuchâtel, qui explique que plusieurs communautés étrangères, notamment espagnoles et portugaises, manifestent une perception d’insécurité et d’instabilité face à leur statut en Suisse. Selon elle, ces électeurs potentiels se sentent parfois détachés du pays en raison de contrats de travail ou de location sujets à modification, et subissent parfois des attitudes discriminatoires. Ces facteurs peuvent expliquer leur moindre engagement lors des processus électoraux, avec une population envisageant même un retour en Espagne ou au Portugal à long terme.

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