Une perception européenne à travers le regard de l’Amérique Maga
Richard Werly, éditorialiste international pour Blick en Suisse romande, a pris la mesure d’un regard sur l’Europe chez des Américains rencontrés dans un garage du sud de Chicago. À ses yeux, l’Europe ne compte plus pour certains; il décrit des représentations des Européens comme « faibles », « socialistes », « islamisés » et « pas assez obéissants ».
Un récit né d’un voyage et d’une rencontre déterminante
Le journaliste et essayiste franco-suisse évoque une conversation avec le garagiste en octobre 2024, au moment où il récupérait son camping-car. Son projet l’a conduit à parcourir près de 6400 kilomètres entre Chicago et Mar-a-Lago afin d’aller à la rencontre d’une Amérique qui, selon lui, allait réélire Donald Trump pour un second mandat.
Un livre pour lire l’Amérique « en colère »
Le périple et les échanges donnent lieu au livre publié le 15 octobre, intitulé Cette Amérique qui nous déteste. Cet ouvrage est décrit comme un récit subjectif accessible dans les rues, sur les comptoirs et dans les parkings, et présente une Amérique Maga, « une Amérique en colère ».
Les fondements identitaires de cette colère
Selon l’auteur, cette colère s’appuie sur des valeurs chrétiennes fortes que beaucoup estiment bafouées en Europe. Elle s’alimente aussi d’un suprémacisme blanc et se manifeste par une masculinité affichée et une virilité prononcée. Werly parle d’une Amérique qui n’est plus à nos côtés et qui exige l’obéissance.
Un mouvement de balancier et des signes d’ouverture
Il précise toutefois que tout n’est pas homogène: l’élection de Zohran Mamdani, candidat socialiste, à la mairie de New York, ainsi que les victoires démocrates de Mikie Sherrill et Abigail Spanberger à la tête du New Jersey et de la Virginie illustrent « l’autre mouvement de balancier ». Il s’agit selon lui de l’« Amérique des côtes », celle qui demeure susceptible d’aimer et de coopérer.
Ce que cela signifie pour l’Europe
Pour Werly, il est essentiel de comprendre cette réalité multiple et fracturée. « L’Amérique a le droit d’être ce qu’elle est », affirme-t-il, et il invite l’Europe à ouvrir les yeux sur ces réalités afin d’éviter de se trouver en position subordonnée. Il rappelle aussi que ce qui se passe aux États-Unis peut influencer l’Europe et note la présence possible de figures proches du mouvement Trump en Europe.
Réveiller l’Europe est l’un des objectifs du livre. « Si l’Europe veut exister dans ce monde, et ne pas sortir de l’Histoire, il faut avoir conscience de ce qu’est cette Amérique qui nous déteste. Pas seulement pour y répondre, mais aussi pour dialoguer, pour négocier avec elle, car Donald Trump ne respecte que les forts. »
Propos recueillis par Pietro Bugnon. Texte pour le web: Fabien Grenon.